Записка председателя делегации Горской Республики А.М. Чермоева Ж. Клемансо

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Записка председателя делегации Горской Республики А.М. Чермоева Ж. Клемансо 

1 ноября 1919 г.

Париж 

Note de la Délégation du Caucase du Nord au Président de la Conférence de la Paix 

Les peuples du Caucase du Nord sont en guerre avec le Gouvernement des Soviets depuis déjà le mois de novembre 1917. Les peuples Nord-Caucasiens ont soutenu cette guerre inégale sans le concours de personne, quand l'armée volontaire de Denikine dispersée se cachait partout. Dès le 11 novembre 1918, cette armée, qu'on appelle improprement volontaire, est organisée avec le concours des Alliés et surtout du Gouvernement anglais, tandis que le Gouvernement nord-caucasien qui, par l'organisation qu'il avait réussi à créer, avait endigué le bolchevisme et l'avait empêché de se déverser en Transcaucasie et, de là, dans l'Asie Occidentale pour continuer son œuvre de dissolution sociale, non seulement n'a pu recevoir une aide, un concours des Alliés, mais il s'est heurté constamment de la part des Anglais, représentants de tous les Alliés, à l'indifférence et, souvent, à une attitude qui était loin d'être amicale envers le Caucase du Nord, dont les peuples avaient constamment lutté pour leur indépendance.

Cette armée du général Denikine, organisée par le Gouvernement anglais, avec le consentement de tous les Alliés, au lieu d'aller combattre le bolchevisme, s'est attaquée au Gouvernement nord-caucasien qui, jusqu'alors, avait endigué le bolchevisme et a dirigé tous ses tranks et ses chars d'assaut, ainsi que tous les autres engins de destruction que le Gouvernement anglais avait mis à sa disposition, contre la liberté des peuples du Caucase du Nord.

Le Gouvernement nord-caucasien, occupé toujours à lutter contre le bolchevisme et se fiant complètement aux assurances formelles du général Thompson, commandant des troupes britanniques à Bakou et représentant des Alliés, ne prenait aucune précaution contre l'armée volontaire. Dans ses réclamations au Gouvernement nord-caucasien, le général Thomson assurait que le général Denikine était notre allié naturel et qu'il ne se permettrait jamais d'action hostile contre nous.

Grâce à ces assurances du général Thompson, dont dépendait complètement le général Denikine, celui-ci put surprendre la bonne foi du Gouvernement nord-caucasien, envahir les territoires de la République et y commettre des méfaits comme aux temps de la conquête du pays par les armées des tsars. Des villages entiers furent rasés aux environs de Grosny, des femmes et des enfants furent impitoyablement massacrés.

Le Gouvernement nord-caucasien, en présence de ces actes inouïs qui étaient en contradiction flagrante avec les assurances du général Thomson, représentant des Alliés, s'est adressé plusieurs fois à lui pour le prier d'ordonner au général Denikine, qui dépend de lui, d'arrêter ses opérations militaires contre la République nord-caucasienne. Toutes les demandes du Gouvernement nord-caucasien restèrent sans effet. Le général Thompson, qui était prompt à donner des assurances au Gouvernement nord-caucasien en ce qui concerne son protégé Denikine, ne fit rien pour arrêter ce dernier dans les atrocités que l'armée volontaire commettait sur notre territoire. Mais, vers le commencement d'avril, quand la situation militaire du général Denikine fut devenue critique, le général Thompson intervint de nouveau pour sauver son protégé; il intima au Gouvernement nord-caucasien l'ordre de se tenir sur la défensive et de n'entreprendre aucune offensive contre l'armée volontaire.

Le 24 avril 1919, quand la situation militaire s'améliore en faveur de Denikine, le commandement anglais intervient pour imposer au gouvernement nord-caucasien un traité tout en faveur de Denikine et dans lequel le commandement anglais se solidarise avec lui. Ainsi, suivant le traité proposé par le commandement anglais à Petrowsk, le gouvernement nord-caucasien doit permettre à l'armée volontaire d'utiliser le port de Petrowsk qui est le port principal de la République sur la Caspienne. Suivant ce traité, toute action militaire de la part de l'armée républicaine contre la garnison russe de Petrowsk est considérée par le commandement anglais comme un acte hostile contre lui. Par contre, le général Denikine s'engage à ne pas entreprendre de nouvelle offensive contre le reste du territoire de la République.

Le général Denikine entreprend cependant une nouvelle offensive et occupe les principales villes de Hossav-Yourt, Derbend, etc...

Il ressort de l'exposé ci-dessus que le commandant britannique, qui représentait également tous les Alliés, non seulement n'a tenu aucun compte des services immenses que la République nord-caucasienne avait rendus à l'humanité et surtout à l'empire Britannique d'Asie, en empêchant l'anarchie de se propager en Transcaucasie et, de là, en Asie, mais il a constamment soutenu la réaction moscovite dans le Caucase, affaibli continuellement le Gouvernement républicain du Nord du Caucase en usant surtout de la haute autorité que lui conférait sa qualité de représentant de tous les Alliés au détriment des intérêts vitaux de notre République. Le commandant anglais au Caucase a abusé de la confiance que le Gouvernement nord-caucasien plaçait en lui, représentant de tous les Alliés, et a travaillé à la défaite de la République nord-caucasienne et au triomphe de la réaction moscovite.

Le Gouvernement nord-caucasien proteste énergiquement auprès de la Conférence qui est en train de jeter les bases du droit, de la justice et de la liberté des peuples par la reconstitution desrelations internationales, contre les atrocités de l'armée volontaire et l'action hostile du commandement anglais à Bakou, qui se solidarise avec la réaction moscovite personnifiée par l'armée volontaire et ses chefs, et porte ainsi atteinte au principe de libre disposition des peuples admis par tous les Alliés comme Tune des bases principales pour le règlement de la situation actuelle dans le monde, et prie la Conférence de vouloir bien ordonner au général Denikine d'évacuer dans le plus bref délai les territoires envahis de la République nord-caucasienne.

Le Président de la Délégation du Caucase du Nord a la Conférence de la Paix

<<Eastern Europe. For the defence of the new Eastern Republics. 1919. № 5. 1er November. P. 153–155.˃˃

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