La situation en Crimée The Situation in Crimea

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Armoire a note r  12  E.F

17-2-19

LA SITUATION EN CRIMEE

La Crimée a commencé par traverser une phase bolchévik intense à cause de l’influence prédominante exercée sur la politique locale par les matelots de la flotte de la mer Noire dévergondée au plus haut degré par la propagande maximaliste. C’est en Crimée qu’eurent lieu les premières tentatives des ‘’ ‘’8’’-tes-Bathélemy ‘’des bourgeois.  À Sébastopol, à Simféropol, à Euratorie, les victimes de la terreur rouge sont chiffrées par milliers. Nulle part cette terreur a revêtu des proportions aussi considérables. Des officiers de marine et des bourgeois étaient souvent obligés de creuser leurs tombes avant d’être fusillés.

L’influence bolchevik a été combattue, d’une part par celle de l’Ukraine, et d’autre part par celles des Tartares, c’est-à-dire par des influences semi bourgeoises et d’ailleurs rivales. L’importance capitale de la Crimée venait principalement de flotte de la Mer Noire ; parmi les équipages se trouvaient beaucoup d’Ukrainiens et plus d’une fois des unités isolés avaient arboré les couleurs ukrainiennes. L’Ukrainisation de la Crimée s’est surtout dessinée après la signature de la paix séparée entre l’Allemagne et l ‘Ukraine. Des radas locales furent institués dans la plupart des villes criméennes et notamment à Sébastopol. Contrairement à l’avis des organisations bolchevik qui s’obstinaient à considérer la flotte de la mer Noire comme la propriété de la république  Fédérative, la Rada de Sébastopol ouvrit les portes de la ville aux troupes d’invasion allemandes.

Parallèlement à l’ukrainisation se développait un mouvement autonomiste tartare qui aboutit à la création d’un parlement tartare à Simféropol : ‘’le kourrontal’’.   

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A la fin du mois d’avril les troupes bolcheviks, qui comptaient de 30 à 40.000 hommes étaient écrasées à Perekop par 6000 allemands. La péninsule, envahie tout d’abord par la cavalerie bavaroise, fut soumise à un régime extrêmement dur d’occupation militaire : réquisition en grand de tous les produits alimentaires, confiscation de toutes les armes, germanisation à outrance, même les enseignes russes remplacées par des enseignes allemandes, dictature des ‘’kommandanturs’’ et répression implacable exercées non seulement contre les bolchéviks, mais aussi contre les organisations démocratiques et révolutionnaires. Ainsi à Théodosie, toutes les personnes coupables d’abritaient des socialistes russes étaient menacées de fusillades sur le champ. Les ‘’kommandantur ‘’ renvoyèrent les suspects en Russie, les unions professionnelles fermèrent les journaux. Toutes les proclamations allemandes se terminaient par ces mots : ‘’ Qu’on oublie pas que nous sommes venus ici en vainqueur. » ‘’

Il est incontestable que, pendant les mois de mai, de juin et la première quinzaine de juillet, les allemands nourrissaient défaire de la Crimée une véritable colonie allemande.  Le 27 le ministre  des colonies allemande déclara à Simféropol,

Toutes les troupes allemandes resteront pour toujours en Crimée et protègeront les colons allemands établis depuis longtemps dans le pays.

Ces tendances ne manqueront pas de provoquer de vives appréhensions en Turquie qui dépêcha en toute hâte ses croiseurs à Sébastopol, mais en somme, pour recevoir qu’une satisfaction purement platonique : les vaisseaux russes internés durent  hisser le pavillon turc à côté du pavillon allemand.

La conduite des allemands provoque également des inquiétudes analogues à Kiev d’où le général Skoropadsky envoya à plusieurs reprises des députations à

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Berlin afin d’obtenir l’assurance que la flotte de la mer Noire sera remise à l ‘Ukraine. A l’heure de leur invasion triomphale de la Russie du Sud, Les Allemands brusquèrent ainsi tous leurs alliés, non seulement les Turcs, mais aussi les Ukrainiens. Les autorités militaires ukrainiennes  envoyées par exemple à

Théodosie pour prendre possession du matériel de guerre, n’ont pu remplir leur

à cause de la rêsistance des Allemands.

La première tentative d’organiser un gouvernement criméen date de la fin du mois de mai. Le parlement tartare avait déjà constitué un embryon ministériel autonome sous la présidence de Djafar Seidamet. Pour unifier toutes les classes de la population, celui-ci essaya d’élargir sa combinaison par la participation des cadets. M. Krym, membre de l’ancien Conseil d’Etat, Kintchalski, président de Zemstvo de Simféropol, reçurent la proposition d’accepter les portefeuilles des finances, Voies de communications et de la Justice. Le General Soulkevitch devait assurer les fonctions de ministre de la Guerre. Mais tous ces pourparlers, qui d’ailleurs  étaient menés sous les auspices des Allemands, subirent un échec à cause de la résistance des cadets, réfractaires à l’orientation allemande.

C’est alors que se constitua un cabinet calqué sur le model[e]  du gouvernement de Skoropadsky ou le rôle du Hetman était dév[oué] à  Soulkevitch, titulaire des deux portefeuilles principaux : Guer[re] et Intérieur. Le général Soulkevitch ,  contre-révolutionnaire co[n]vaincu, s’est jadis adonné dans le Don et dans la région de Kou[] à une active propagande monarchiste en faveur du Grand Duc Ale[x] avec la régence du Grand Duc Nicolas. Le général Krasnof aura[it] épousé la sœur du général Soulkevitch.

Assis sur les baïonnettes allemandes, le ministère Soulkevitch tâcha de s’attirer des collaborations russes : Tcharykof andclen, adjoint au ministère des

Affaires Étrangères, fut convié a  diriger la politique extérieure de la Crimée : le prince Galitzine, célèbre viticulteur, reçu le portefeuille de ;’Agriculture, l’ingénieur

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militaire Frieman celui des Voies de Communications. Soulkevitch divisa la Crimée en huit districts et appela sous les armes un pour cent de la population.

Le comte Tatistchef, ancien directeur de la banque de l ‘Union, fut invitée à consolider les finances criméennes.

La caractéristique du nouveau gouvernement est une orientation nettement allemande. ‘’Nous sommes convaincus, déclara Soulkevitch, que l’Allemagne n’admettra jamais que les Bolcheviks recommencent a dépecer notre pays.’’

Néanmoins, comme les difficultés intérieures augmentent sans cesse le 18 juillet Soukevitch donne sa démission et part pour Berlin. Il est remplacé par le comte Tatistenef.

Dès le mois d’aôut une tendance nouvelle se fait jour en Crimée, en faveur d’une union fédérative avec l’Ukraine. Ce mouvement tient à deux causes : tout d’abord la nécessitée de trouver des débouchées à la récolte criméenne qui pourrit sur place ; puis l’influence de plus en plus considérable prise par les cadets dans les affaires de Crimée, notamment Kryn.  Celui-ci, qui appartient a la confession Karim (secte juive de Crimée), est un des plus riche propriétaires de la Crimée, Il a joue un grand rôle dans les parties d’opposition du Conseil de l’empire et dans la fraction des cadets.

Selon les dernières nouvelles, un nouveau gouvernement s’est formé en Crimée, sous la présidence et des pourparlers sont activement menés avec l’Ukraine en vue d’une fédération Ukraino-Criméenne. Tandis que les régionalistes ukrainiens cherchent l’annexion  pure et simple de la Crimée, des cadets soutiennent l’idée fédérative dans l’espoir de son extension  à toutes les régions de la Russie Méridionale.

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