Constitution du gouvernement régional de Crimée presidé par Salomon Samouilovtch Krym Formation of the Regional Goverment of Crimea Presided by Salomon Samouilovtch Krym

Transcription

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Circulaire  du  5 juin 1889

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

MINISTÈRE DE LA MARINE

NUMÉRO du BORDEREAU

DIRECTION…ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL

BUREAU… Ière Section

<<Stamp : Direction Politique et commerciale 2 avril 1919>>

BORDEREAU RECAPITULATIF des pièces envoyées à M. le Ministre des Affaires Étrangères (Direction des Affaires Politiques et Commerciales)

Ier AVRIL 1919.  

Date de l’envoi

au Ministère.

NOMBRE

de

PIÈCES.

SOMMAIRE.

OBSERVATIONS.

  I

Information a/s de la Constitution du Gouvernement régional de Crimée Présidé par SALOMON SAMOUILOVTCH KRYM.


‘’  ‘’  Le CAPITAINE DE YAISSEAU CHEF DE LA 1ère SECTION

P.A ‘’       ‘’




Marine-No- 969.- Adm centrale.- Divers.-1918 :1933.-(Carre 566a.)

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ETAT-MAJOUR GÉNÉRAL

SECTION-(SRR.)

Le 31 Mars 1919

INFORMATIONS.

De Constantinople, le 5 Mars 1919

CONSTITUTION DU GOUVERNEMENT RÉGIONAL DE CRIMÉE preside par SALOMON SAMOUILOVTCH KRYM.

(D’après les informations du journal “ YOUJNYA VIEDOMOSTI”, de Simphéropol, du 29 Octobre au 14 Novembre 1918.)

Quelques temps après l’occupation de la Crimée par les troupes allemandes du Général Koch, il fut instituté un gouvernement régional de la presqu’île sous la présidence du général  Suleiman Soulkévitch, musulman de Lithuanie, qui commandait les troupes de la cavalerie musulmane organisées par le conseil national des Tartares de Crimée.  Le Gouvernement fut constitué avec le seul appui des autorités militaires allemandes, sans qu’il fût tenu compte de la volonté de la population.  Les musulmans seuls reconnurent et appuyèrent ce gouvernement qui était germanophile et turcophile à outrance. Les autres groupes de la population (russes, karaïens, juifs etc….) c’est-à-dire la grande majorité était absolument hostile au Gouvernement Soulkévitch et ne le supportait que sous la pression allemande.

Lorsque commenca à se dessiner la défaite allemande, c’est-à-dire  vers la fin d’Octobre 1918, l’hostitlité de l’opinion publique envers Soulkevich, commença à prendre une forme active…

Le rôle capitale de cette lutte fut assuré par l’Assemblée  Provinciale des “Zemstvos” de Crimée. ( Les Zemstvos sont des corps électifs, chargés dans chaque unité admininstrative, de la gestion d’affaires administratives de caractère local, telles que routes vicinales, écoles primaires, hopitaux, luttes contre les épidemies etc… Sous le regime des tzars, Les Zemstvos étaient élus des collèges électoraux séparés: nobles, citadins, paysans.  Le gouvernement provisoire les fit élire par suffrage universel.)

L’Assemblée  Provinciale des Zemstvos réunite d’office et ignorant…

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.2.3

le gouvernement Soulévitch, décida, après entente entre tous les partis démocratiques : cadets, socialistes populaires, socialistes révolutionnaires, socialistes démocrates, groupe politique ‘’Yedinstvo‘’ (union) etc… de prendre en main l’organisation d’un Gouvernement régional conforme aux vœux de la majorité de la population. L’avocat Salomon Samoulovitch Krym, fut designé comme chef du nouveau gouvernement (23 Octobre 1919).

Des pourparlers commencèrent entre les partis et les hommes politiques en vue de la formation définitive du cabinet.  (Youjnya Viédomasti) du 29 Octobre.) Cependant l’élection de Krym comme chef du Gouvernement n’était encore que platonique, car le général Soulkévitch restait a la tête du pouvoir en s’appuyant sur les allemands. La censure allemande supprima même un entrefilet du journal ‘’ Youjnya Viédomosti’’ du 29 Octobre qui rendait compte des démarches faites auprès des autorités militaires allemandes en vue d’obtenir la retraite de Soulkévitch.

En même temps que l ‘Assemblée  Provinciale, Les Associations Professionnelles et les organisations sociales de Crimée ouvraient la lutte contre le gouvernement Soulkévitch.

Soulkévitch voulut raffermir sa situation en faisant des concessions et notamment en autorisant la convocation du Conseil municipal de Simphéropol, élu par suffrage universel et dissout par Soulkévitch, vers le commencement de l’occupation allemande.

Mais à la première réunion du Conseil Municipal, le délégué B.Y. Leibman, donna lecture d’une motion adoptée la veille par un meeting d ‘ouvriers demandant la retraite du gouvernement Soulkévitch. (Youjnya Viédomosti. Du 30 Octobre.)

Sur ce les autorités militaires allemandes ‘’convoquèrent ‘’MM. Balkit de Belmann, représentants des associations professionnelles et s’entretinrent avec eux sur le caractère du mouvement professionnel, sous le nombre d’ouvriers organisés, et non organisés se trouvant en Crimée et sur l’attitude des ces ouvriers à l’égard du gouvernement Soulkévitch. Les représentants des Associations Professionnelles confirmèrent l’attitude ouvertement hostile des ouvriers à l’égard du gouvernement et leur décision de soutenir le nouveau gouvernement organisé par l’Assemblée  Provinciale des Zemstvos.

Le commandement allemand demanda entre autres pourquoi les ouvriers ne veulent pas appuyer le général Soulkévitch, puisque ce dernier fera dorénavant des lois démocratiques et satisfera toutes les aspirations de la démocratie. Les représentants des associations répondirent que les ouvriers ne sauraient avoir confiance en Soulkévitch a cause de l’origine anti-démocratique de son pouvoir (idem 30 Octobre.)

Le 28 Octobre, le parti social-démocrate de Simphéropol organisait une réunion qui décida d’exiger la retraite de Soulkévitch et la prise  de mesures plus énergiques de la part du nouveau gouvernement de S.S. Krym, en vue de la réalisation de son autorité gouvernementale. (Idem 30 Octobre).

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Pendant ce temps le Gouvernement Soulkévitch prenait des mesures en vue de préparer les élections au Parlement de Crimée. Mais les partis démocratiques refusèrent à l’unanimité de prendre part soit aux travaux préliminaires, soit aux élections (Idem 30 Octobre).

Le 30 Octobre, M. OBOLENSKY, président du Conseil Provincial des Zemstvos fut reçu par le Chef de l’Etat-Major du Commandement  allemand et remit un mémoire du Conseil Provincial dans lequel il demandait si les autorités allemandes avaient l’intention d’éloigner Soulkévitch de son poste. M. Obolensky exposa personnellement son point de vue aux représentants de l ‘Etat-Major

(Idem I Novembre).

Le lendemain les autorités militaires allemandes envoyèrent à M. Obelensky la réponse suivante :

A Monsieur le Président du Conseil Provincial de Zemstvos :

En réponse au mémoire du 30 Octobre, remis au Commandant en Chef par le Président du Conseil Provincial des Zemstvos,  Le commandant en chef a l’honneur de faire savoir ce qui suit :

L’affirmation que le pouvoir du général Soulkévitch s’affirme uniquement sur la sanction du Commandant en Chef allemand ne répond pas à la réalité.

Dans la déclaration du gouvernement Soulkévitch, il est dit que le général Soulkévitch  a assumé l’organisation du pouvoir gouvernemental ‘’avec le consentement des autorités militaires allemandes’’. Tant du texte de cette déclaration que des pourparlers qui lui ont servi de base ; Il appert  que le gouvernement allemand ne fit qu’exprimer son assentiment  à ce que le général Soulkévitch assume le pouvoir.

Le Commandement allemand n’a pas nomme le général Soulkévitch et ne peut par conséquent l’éloigner. Maintenant que le calme et l’ordre sont rétablis, des mois durant dans toute la Crimée, se sera désormais à la population de se créer des organes de pouvoir qui lui conviennent. Cette probabilité lui est offerte dans le parlement Criméen qui est en train d’être convoqué sur la base du suffrage universel. Direct et secret.

Le Commandant allemand exigea seulement que l’ordre et la tranquillité ne soient troublées ni maintenant ni dans l’avenir.

Général  Koch

(Youjnya Viedomosti 2 Novembre)

Les autorités allemandes se déclarent par là incompétentes…

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à intervenir dans la question, mais rendaient impossibles tout mouvement qui aurait eu pour but de renverser le Général  Soulkévitch.

L’opposition contre Soulkévitch se manifesta également au sein du congrès des services de ravitaillement. Présidé aussi par M. Obolensky. Le congrès, malgré l’opposition des Tartares, vota une motion demandant la retraite immédiate de Soulkévitch.

(Idem 3 Novembre).

La situation restant inchangée par la suite de l’insistance de Soulkévitch à rester au pouvoir, le Conseil Central des Associations Professionnelles de Crimée décida  d’organiser le 7 Novembre dans la Crimée des meetings et réunions dans le but de demander:

I - La démission de Soulkévitch

2 - la formation par l’Assemblée  Provinciale  des Zemstvos d’un Gouvernement responsable.

3 - La suppression de tout système électoral censitaire,

4 – La convocation immédiate de la Diète de Crimée.

(Idem 6 Novembre).

Le 5, une entrevue eut lieu à Simphéropol entre les représentants des partis socialistes  et l’aile gauche de l’Assemblée  Nationale Tartare. (Kourouïlai).

Après un échange de vues les représentants Tartares reconnurent qu’il était impossible que Soulkévitch restât au pouvoir et que le nouveau gouvernement devait être constitué par l’Assemblée  Nationale Provinciales des Zemstvos. La gauche Tartare considère la convocation de la Diète Régionale comme la nécessite la plus urgente. (Idem 7 Novembre).

L’Assemblée Provinciale des Zemstvos se saisit de nouveau dans sa séance du 8 Novembre du problème de la formation d ‘un nouveau gouvernement;  le même jour le journal ‘’Younya Siédomosti’’ organes à tendances socialistes faisaient remarquer que si Soulkévitch restait au pouvoir ce n’était pas seulement parce que les autorités militaires allemandes  le souhaitaient, mais aussi parce que les partis d’opposition  et d’Assemblée  Provinciale des Zemstvos n’usaient pas tous les moyens dont ils disposaient pour forcer Soulkévitch à se retirer. Le journal conseillait de ne pas se contenter de paroles mais de passer aux actes. (Youjnya Viédomosti du 8 Novembre).

L’Assemblée  Provinciale des Zemstvos ouverte le 8 Novembre élit comme Président  M.S.S. KRYM, qui avait été désigné par la dernière assemblée pour former le nouveau gouvernement.

S.S. Krym prit la parole et déclara que ‘’ce n’est que lorsque Soulkévitch se sera retiré qu’il acceptera l’offre qui lui a été faite. Tant que cette retraite ne sera pas un fait accompli il ne saurait rendre compte des démarches entreprises par lui.’’

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Après cette déclaration les divers partis se réunirent en séances privées pour discuter séparément le problème de la constitution du nouveau pouvoir.

Les socialistes révolutionnaires décidèrent d’exiger que le nouveau gouvernement reconnaisse comme gouvernement de toute la Russie le Directoire d’Oufa (supprimé depuis par l’amiral Kolchak).

Les socials-démocrates décidèrent de formuler les exigences suivantes:

I- Que le gouvernement à constituer fixe immédiatement un délai maximum pour la convocation de la Diète.

2- Que la future Diète se saisisse de l’examen de la loi sur l’élection des municipalités et des Zemstvos.

3- Que le nouveau Gouvernement soit responsable de ses actes jusqu'à la réunion de la Diète devant un corps formé par l’Assemblée Provinciale actuelle.

Les tartares décidèrent de ne pas reconnaître l’entente survenue au cours de L’Assemblée  convoquée précédemment sans une représentation suffisante de la population musulmane et exiger avant tout la convocation de la Diète.

Les socialistes populaires et les cadets décidèrent de ne pas accepter de modifications aux conditions de l’arrangement survenu précédemment pour la condition du nouveau gouvernement (Idem 9 Novembre.)

Après de longues discussions au cours desquelles les partis défendirent chacun son point de vue. L’Assemblée Provinciale des Zemstvos arriva finalement a une entente définitive sur la ligne de conduite à suivre dans la question de la constitution d’un nouveau gouvernement. Il fut décidé de laisser de coté le point le vue particulier de chaque parti et d’unir tous les efforts pour les buts communs dont le principal est la lutte contre Soulévitch.

Le Journal ‘’Youjnya Viédomosti’’ souligna  la presque unanimité des partis sous ce rapport et fait remarquer que même la majorité du parlement  tartare sur laquelle s’appuyait Soukévitch ne cachait pas son mépris  pour ce gouvernement (Idem 12Novmebre).

Après être arrivé à une entente, Le Congres Provincial  des Zemstvos s’occupait plus particulièrement de l’attitude des autorités allemandes. M. Moghilevsky et M. Nabokoff critiquèrent vivement cette attitude qu‘ils caractérisèrent d’intervention dans les affaires intérieures du pays. La Lettre du général Koch reproduite plus haut provoqua la motion suivante, votée à l’unanimité :

Ayant pris connaissance de la réponse faite par le Commandent allemand à la déclaration du Conseil Provincial des Zemstvos qui insistait sur la nécessite d’éloigner le général Soulkévitch

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du poste qu‘il occupe uniquement en vertu de la sanction des autorités allemands, le Congres note que dans cette réponse, le commandant allemand nie le fait de la nomination du général Soulkévitch par les autorités allemandes et prétend en se basant sur la déclaration gouvernementale, que le général Soulkévitch fut nommé simplement avec l’assentiment du commandant allemand et que la population de Crimée peut élire de nouvelles autorités gouvernementales à la Diète qui doit être convoquée prochainement.

A ce propos le Congres est d’avis que:

I- L’indication des méthodes d’élection d’un nouveau  gouvernement touche les affaires intérieures de la Crimée; comme d’ailleurs elle ne concerne pas le sujet de la lettre du Conseil des Zemstvos elle ne prête pas matière a examen.

2- L’assentiment du commandant allemand  à ce que le général Soulkévitch  assume le pouvoir sans être appuyé par des institutions locales quelconque ou sur un groupe organisé quelconque de la population, tout en n’étant pas une nomination formelle, n’en concorde pas moins avec l’idée exprimée par ce mot.

3- Les motifs exposés dans la lettre gardent, par conséquent, toute leur valeur.

4- Le maintien au pouvoir du général Soulkévitch, après la décision de l’Assemblée  des Conseillers des Zemstvos de toute la région, décision approuvée par les institutions représentatives locales et par d’autres organisations publiques, ne sauraient être expliqué que par l’appui qui lui est accordé même actuellement par les autorités militaires allemandes. (Youjnya Viédomosti),12 Novembre).

Une commission composée de 5 membres fut élue pour communiquer aux autorités allemandes la réponse ci-dessus faite par le Congrès à la lettre du Général  Koch et pour prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’assurer au nouveau gouvernement élu, par le Congres la possibilité d’entrer en fonctions. (Idem 13 Novembre)

Le Congrès se sépara après avoir pris connaissance avec grand émoi des dernières dépêches sur les évènements en Allemagne.

Le 13 Novembre, la commission des cinq élus par le congrès se rendit chez le Général  Koch et lui communiqua les décisions du Congrès.

Le général Koch insista sur son point de vue que le général Soulkévitch n’a pas été nommé par le command allemand et que ce n’est pas a ce dernier qu’incombe la tâche d’entreprendre une démarche quelconque en vue d’éloigner Soulkévitch.

Il déclara qu’il fut et restera neutre dans la lutte entre les organisations publiques et le général Soulkévitch.

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Les membres de commission firent remarquer qu’au point de vue pratique il n’y avait aucune différence entre la nomination du Général  Soulkévitch  ou le consentement à ce qu’il prenne abusivement le pouvoir. En réalité l’intervention allemande se produisit car ce n ‘est que grâce à l’appui allemande que le général Soulkévitch put et peut encore tenir le pouvoir entre ses mains.

Le Général  Koch persista à se déclarer neutre et autorisa les membres de la commission à porter  à la connaissance du public qu’il ne soutient pas le général Soulkévitch, et qu‘il n’a pas l’intention d’intervenir dans la lutte contre lui tant que cette lutte ne prendrait pas la forme de désordre de rue. (Idem 14 Novembre).

Le même jour, le général Soulkévitch reçut du général Koch la note suivante :

‘’Ce matin les représentants des grands partis politiques ont porté à ma connaissance que la campagne contre le gouvernement de votre Excellence sera prochainement renforcée. Dans l’intérêt des troupes placées sous mes ordres. Je dois avant tout prendre soins d’éviter que le mécontentement  du pays prenne une plus grande extension. Je prie votre excellence de prendre en considération qu’ à mon grand regret je ne suis plus en mesure de soutenir le gouvernement de Votre excellence.

Général  Koch

(Idem 14 Novembre).

A la suite de cette note, du Général  Koch, Soulkévitch fut force de démissionner et le gouvernement démocratique actuel présidé par Krym prit le pouvoir.

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