Письмо А.М. Чермоева Ж. Клемансо
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Письмо А.М. Чермоева Ж. Клемансо
Февраль 1920 г.
Париж
Par une décision prise par le Conseil Suprême, l’indépendance de fait de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie a été reconnue par les Alliés. Il eut paru naturel qu’un traitement semblable fut appliqué à la République du Caucase du Nord qui réunit en une Union fédérale librement acceptée par eux, les divers peuples désignés communément sous la dénomination de Montagnards du Caucase, et dont les principaux sont: les Daghestanais, les Tchétchènes, les Ingouches, les Khabarfa, les Ossètes, les Nogais, les Tcherkesses, les Karatchai, etc. …
Il n’en a rien été cependant et la raison qui en a été donnée est qu’il n’existerait pas de Gouvernement régulier de cet Etat.
Comme Président de la Délégation de la République du Caucase du Nord, à Paris, j’estime que mon devoir strict est aujourd’hui, étant donnée la gravité des circonstances d’adresser encore une fois aux représentants des Peuples Alliés à la Conférence de la Paix, une déclaration solennelle pour leur exposer la situation et la volonté de mon pays, comme il a déjà fait par mémorandum du 18 juin 1919.
Après la Révolution russe, deux assemblées se sont réunies successivement à Wladicaucase et y ont représenté légalement et avec pleins pouvoirs les divers peuples du Caucase du Nord. La première de ces Assemblées a proclamé l’autonomie de leur Union dans le cadre d’une Russie fédérale (mai 1917).
La seconde (septembre 1917) qui réunissait les représentants de tous les peuples Caucasiens du Nord, de la mer Caspienne à la mer Noire, consolida par voie de libre consentement cette Union des Peuples du Caucase du Nord et élabora un projet de Constitution.
Après la révolution bolcheviste, le Gouvernement issu de cette Assemblée rompit toutes relations avec Pétrograd et Moscou, réalisant ainsi l’indépendance de fait de la République du Caucase du Nord.
Ce Gouvernement, émanation de la volonté populaire dont les racines profondes vont puiser à 60 ans d’intervalle, l’inspiration nationale aux sources de l’idée incarnée par Schamyl, a défendu le sol de la patrie contre les Bolchevistes russes qui furent peu à peu chassés de tout son territoire.
Sur les instances du Général Thomson, exprimées dans une lettre du 27 Novembre 1918, qu’il écrivait comme représentant du Gouvernement britannique et des gouvernements alliés, la République apporta son aide au Général Denikine dans sa lutte contre le bolchevisme.
Le Général Thomson avait donné l’assurance à notre Gouvernement que la situation internationale du pays serait réglée par la Conférence de la Paix et que le Général Denikine ne s’immiscerait point dans ses affaires.
Mais ce dernier étant partisan déclaré d’une Russie centraliste, une et indivisible, il ne tarda pas à se montrer effectivement hostile envers la République du Caucase du Nord.
Soutenue par tous les autres Etats Caucasiens, la République adressa protestation sur protestation au Général Thomson mais sans résultat. Par la force le Général Denikine, réussit à imposer son autorité dans les villes et la plaine aux abords des grandes voies de communication. Mais à l’intérieur du pays, dans les montagnes, les populations restèrent insoumises et le Gouvernement qui incarnait leur cause continua à subsister à la forteresse Vedeno, sans toutefois avoir aucune possibilité de communiquer avec l’extérieur.
Si donc à l’heure actuelle il semble qu’il n’y ait pas d’organisation d’Etat, de Gouvernement qui représente ostensiblement aux yeux du monde entier l’Union des Peuples du Caucase du Nord et qui parle en son nom, c’est le fait de l’oppression armée et des luttes qui en ont résulté et non le fait d’une absence de volonté des ces peuples.
Aujourd’hui la barrière opposée par Denikine au Gouvernement Soviétique s’étant écroulée, mon pays risque d’être submergé par le flot montant du Bolchevisme en marche vers la Transcaucasie et l’Asie.
En cette heure critique, au nom des populations montagnardes dont je suis le représentant à Paris, je réclame des Alliés conformément aux assurances données en leur nom par le Général Thomson, et en vertu du droit imprescriptible des peuples à disposer d’eux-mêmes, la reconnaissance de l’indépendance de fait de la République du Caucase du Nord.
Pour cette cause, les Montagnards ont déjà sacrifié leurs biens et versé leur sang et ils sont encore prêts à la défendre de toutes leurs forces contre tout agresseur.
Cette reconnaissance par les Alliés, prévenant la reconnaissance qui autrement sera faite sans aucun doute par les Bolchevistes, placerait nos peuples dans les mêmes conditions que l’Azerbaïdjan et la Géorgie, avec lesquels ils ont des liens psychologiques et économiques étroits; elle leur donnerait la possibilité d’organiser ensemble un front de défense contre l’agression bolcheviste, but commun de l’Entente des peuples Caucasiens qui sont ainsi les représentants.
<<ГАРФ. Ф. Р-6144. Оп. 1. Д. 16. Л. 98–101. Копия.˃˃